Publication du CAAP le 15 mars 2015
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Le CAAP – Comité des Artistes-Auteurs Plasticiensest une organisation syndicale nationale, il défend les intérêts moraux et matériels des auteurs d’art visuel.

 

• À la base, il y a autant d’hommes que de femmes parmi les artistes-auteurs

Si l’on considère l’ensemble des artistes-auteurs (affiliés ou non), on constate qu’il y a à peu près autant de femmes que d’hommes (47% de femmes en 2011 et 48,7% en 2013, source MDA-SS). Parmi les affiliés, globalement la proportion de femmes chute à 40%. (« affiliés » c’est-à-dire uniquement les artistes-auteurs ayant des revenus supérieurs au seuil d’affiliation ou ayant été affiliés à titre dérogatoire par la commission professionnelle ad hoc).

 

• Dans tous les domaines de la création, les femmes ont des revenus très fortement inférieurs à ceux des hommes.

Les graphes rouges ci-dessous sont extraits d’un document de l’IRCEC fondé sur les statistiques fournies par la MDA-sécurité sociale et l’AGESSA portant sur les revenus 2011 des artistes-auteurs affiliés.

Les chiffres présentés seraient évidemment très différents s’ils concernaient l’ensemble des artistes-auteurs et non uniquement ceux qui ont les revenus les plus hauts. Il est donc important de garder à l’esprit qu’il s’agit d’une sous-population (les affiliés) et non de la population totale des artistes-auteurs.

Pour autant, le constat est affligeant, quelle que soit leur proportion dans la population d’affiliés observée, les femmes ont systématiquement un revenu moyen très inférieur à celui des hommes.Les revenus artistiques des affiliés

Auteurs des arts visuels : peintres et dessinateursAuteurs des arts visuels : sculpteurs et plasticiensAuteurs des arts visuels : graphistes et dessinateurs textilesAuteurs des arts visuels : photographes et illustrateursAutres artistes auteurs : écrivains et traducteursAutres artistes auteurs : auteurs d'oeuvres d'art dramatiques et audiovisuelles, et auteurs compositeurs

Nota Bene : La répartition du revenu des artistes est structurée comme celle d’un pays sous-développé : plus de la moitié des artistes-auteurs se partage 10% des revenus, cependant qu’inversement 10% des artistes-auteurs se partage 45% des revenus. En raison de cette répartition du revenu très inégalitaire parmi les artistes-auteurs, le revenu moyen est utilement complété par la médiane. La médiane est la valeur qui partage en deux la série, les quartiles la partage en quatre.

Par exemple si on considère globalement les revenus artistiques des affiliés (cf 1er schéma), on constate que :

  • un quart des artistes-auteurs affiliés gagnent moins de 8 118 € par an (1er quartile)
  • une moitié gagnent moins de 15 259 € par an (médiane)
  • la moyenne globale est de 28 000 € par an
  • le revenu moyen des femmes est de 22 000 €, celui des hommes de 33 000 €
  • 50% des femmes gagnent moins de 13 345€.

Les maxima sont également signifiants avec une différence de 295% entre hommes et femmes.

Parmi les salariés en France, les hommes gagnent en moyenne 25% de plus que les femmes. Parmi les artistes-auteurs affiliés, les hommes gagnent en moyenne 50% [1] de plus que les femmes. L’inégalité hommes femmes est donc deux fois plus forte chez les artistes-auteurs que chez les salariés…

Au delà du pourcentage global de 50%, l’inégalité de traitement observée par catégorie professionnelle montre une disparité notable allant de 116% pour les auteurs compositeurs à 25% pour les graphistes et les dessinateurs.

 

L’inégalité hommes femmes par catégories professionnelles

L’inégalité hommes femmes par catégories professionnellesLes revenus moyens annuels par catégories professionnelles dénotent quelques différences notables
Les revenus moyens annuels par catégories professionnelles dénotent quelques différences notables

Remarque : la catégorie « plasticiens » devrait logiquement inclure les peintres, sculpteurs, etc. qui constituent en réalité des sous-catégories de ce terme générique. Mais historiquement la dénomination « plasticiens » est apparue tardivement à la MDA-SS pour catégoriser les artistes-auteurs qui ne rentraient pas dans les cases traditionnelles pré-existantes, d’où cette aberration dans la classification…

 

Bibliographie pour prolonger :

  • Rapport 2014 publié par le Ministère de l’éducation et le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche : « Filles et garçons sur le chemin de l’égalité : de l’école à l’enseignement supérieur » incluant une série de statistiques qui renseignent sur l ’école jusqu’à l’entrée dans la vie active – http://cache.media.education.gouv.fr/file/2014/08/3/FetG_2014_305083.pdf
  • Rapport relatif à la lutte contre les stéréotypes de sexe du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh) : « Pour l’égalité femmes-hommes et contre les stéréotypes de sexe, conditionner les financements publics ». Dans les médias, les manuels scolaires ou la communication institutionnelle, des représentations stéréotypées des femmes et des hommes subsistent. La présence des stéréotypes de sexe – et de son corollaire, le genre – se manifeste à la fois par un fort déséquilibre quantitatif entre le nombre de femmes et d’hommes représenté-e-s et par un enfermement des femmes dans certains rôles et situations dévalorisé-e-s et dévalorisantes : objets de désir, passives, expertes du foyer, en position professionnelle subalterne, etc. Les stéréotypes de sexe et le genre sont un obstacle à l’égalité réelle : ils outillent et légitiment les discriminations et les inégalités. Le HCEfh recommande d’amplifier la lutte contre les stéréotypes de sexe et de concentrer l’action sur les financements publics : l’argent public ne doit pas servir à conserver ou renforcer les stéréotypes de sexe, et constitue dans le même temps un levier pour agir. Le HCEfh formule 34 recommandations afin d’engager une démarche progressive, globale et structurante en deux étapes : Etape 1, rendre visible les stéréotypes de sexe. Pour cela, le HCEfh propose des outils, sous la forme de grilles d’indicateurs –en priorité à destination de 3 familles d’acteurs et actrices des médias, de la communication institutionnelle et des manuels scolaires ; Étape 2 : généraliser le mécanisme d’éga-conditionnalité des financements publics. Ce mécanisme consiste à subordonner tout ou partie des financements publics transférés à un tiers au respect de l’égalité femmes-hommes et à la lutte contre les stéréotypes de sexe. Ce rapport est accessible : http://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_hce-2014-1020-ster-013.pdf
  • Mise en œuvre de la politique éducative en faveur de l’égalité entre les filles et les garçons à l’École ; cette CIRCULAIRE MEN 9/01sur la politique éducative en faveur de l’égalité filles/ garçons est en document joint.
  • Le Guide de bonnes pratiques « Pour éviter les stéréotypes femmes-hommes dans la communication » ; en document joint.
  • Rapport d’information fait au nom de la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes (1) sur le thème « La place des femmes dans l’art et la culture », Par Mme Brigitte GONTHIER-MAURIN, Sénatrice ; en document joint.

 

Documents :

Circulaire du Ministère de l’éducation nationale du 9 janvier 2013
Guide des bonnes pratiques de communication déc. 2014
Rapport du Sénat sur la place des femmes dans l’art et la culture