L’association HF Ile-de-France exprime son étonnement et son incrédulité à la lecture du dossier paru dans « Le Monde » du 19 janvier 2015 intitulé « Après les attentats, les artistes se penchent sur leur responsabilité ». Ce sont 25 artistes qui ont été interpellés suite aux attentats de janvier pour répondre sous forme de tribunes à la question : “comment, pour ceux qui en font quotidiennement usage – aux premiers rangs desquels les artistes –, concilier liberté d’expression et devoir de responsabilité ?”. Parmi ces 25 contributeurs, une seule femme, et encore partageant sa parole avec un homme, en duo. La voix du monde artistique s’est ainsi exprimée, en cette heure grave, intégralement au masculin, artistes est-il noté« de tous âges, pays et disciplines », mais pas de tous sexes. Qu’en conclure ? Que la question de la responsabilité ne peut être posée à une femme ? Que la gravité de la situation nous ramenant au questionnement des valeurs fondamentales de la République, l’avis autorisé, attendu, utile ne peut être que masculin ? Que dès lors qu’il s’agit de penser l’art et la politique, qu’il s’agit d’être sérieux et d’avoir une vraie parole, l’évidence est d’interroger des hommes ? Que penser dès lors de la légitimité de ce dossier nous promettant l’exercice de la clairvoyance et de la hauteur de vue quand il repose sur de tels aveuglements ? La question de la liberté d’expression et de la responsabilité ne devrait-elle pas être posée pour commencer à la rédaction du Monde ?
Pour ouvrir la réflexion, un chiffre:
En 2011, il y a 18% de femmes parmi les expert-e-s invité-e-s dans les émissions de télévision, de radio ou encore les principaux hebdomadaires. À la radio, le temps de parole des experts hommes est de 25 minutes contre 1 minute 35 pour les expertes femmes.