A la tête des théâtres, des hommes succèdent aux hommes

Il est temps de considérer l’artiste avant la femme, de reconnaître le talent avant de préjuger du sexe 

Alors que les théâtres occupés crient la détresse des scarifié.es de la crise sanitaire à l’oreille d’un gouvernement sourd, à trois mois des élections régionales et départementales, les nominations à la tête des Centres dramatiques nationaux (CDN) pleuvent. La seule femme aux commandes dans ce jeu de chaises musicales semble être la Ministre elle-même : aux Quartiers d’Ivry, au Théâtre du Nord, à Nanterre-Amandiers, au Théâtre 14, à la Comédie de Saint-Etienne, à la Comédie de Béthune…. Un cortège d’hommes succèdent à des hommes ou s’interchangent, sans aucune surprise.  

De rares femmes passent les mailles du filet, à l’image de la metteuse en scène Julie Deliquet, au Théâtre Gérard-Philipe à Saint-Denis depuis mars 2020. A la tête des directions régionales aux affaires culturelles, quatre femmes sont aussi nommées, chargées de révéler, promouvoir,  subventionner des talents… essentiellement masculins, à en croire les chiffres de l’Observatoire de l’égalité H/F dans la culture. Des femmes seront donc mises dans l’ombre au service d’hommes dans la lumière. Les stéréotypes, dans les milieux de l’art, ont des dents de fer, elles broient l’espoir de laisser émerger d’immenses talents relégués à leur genre.

 Les chiffres sont têtus, et nous ne pouvons rester muettes, quand seuls 33% des établissements culturels et 16% des Centres chorégraphiques nationaux (CCN) sont dirigés par des femmes, quand 69% des subventions de l’État aux œuvres de théâtre vont à des hommes. A la tête des 100 plus grandes entreprises culturelles :  91 hommes et neuf femmes en 2020, plus bas qu’en 2019, 2018, 2017… Et à la direction des 10 plus hauts lieux du spectacle vivant : une femme en 2020 … deux fois moins qu’en 2019. Les instances de consécrations répliquent le tropisme : Ariane Mnouchkine est l’exception du Molière de la mise en scène depuis 2010. Tonie Marshall a été la première et demeure la seule  réalisatrice à avoir obtenu un César, et Jane Campion l’unique primée de la Palme d’Or dans l’histoire du festival de Cannes, en 1993.[1]

Des intruses et des exceptions 

Des voix s’élèvent pourtant pour renverser l’ordre établi. L’association HF œuvre depuis 2009 à promouvoir l’égalité homme / femme dans la culture et l’art[2], mais reçoit en retour des déclarations de principes suivies de peu d’effets. 

Faut-il donc, encore, rappeler combien de fois, nous, metteuses en scènes, réalisatrices, compositrices, nous sommes senties intruses ou au mieux exceptionnelles, dans des milieux où seuls des hommes paraissent avoir accès à la légitimation et la consécration… ? Est-il nécessaire de se remémorer combien d’autrices ont vu reléguer l’originalité de leurs textes à la “faiblesse” du sexe ? A combien de comédiennes, conquérantes, fortes, audacieuses, a-t-on confiné le talent au seul critère de l’âge, d’une peau habile à prendre la lumière, ou trop sombre pour incarner une jeune première ? 

Les hommes, on vous voit, on aimerait vous entendre 

L’art ni talent ne peuvent tolérer d’être assignés à résidence, mais en souffrent aujourd’hui, doublement : la crise sanitaire en étouffe l’expression, tandis que le gouvernement réaffirme son conservatisme en écartant les artistes-femmes de la direction des lieux culturels publics. Plusieurs hommes parmi les nommés sont tout aussi doués que les candidates. La voix de ces hommes devrait, aujourd’hui, s’élever plus haut que leurs intérêts.

On dresse, impatientes, l’oreille à ceux qui auront le courage de parler et d’agir avec nous, au nom de l’art. Equilibrer la représentation d’artistes femmes et hommes à la direction des lieux culturels, c’est légitimer le travail et le talent d’artistes-candidates. C’est cesser de considérer les femmes artistes au mieux comme des exceptions, au pire, comme des intruses. C’est démocratiser la culture et diversifier les publics,  par l’opportunité de programmations singulièrement à l’écoute de  talents féminins et divers.   

Que défendront les élu·es demain ? Les petits intérêts entre amis ou le rayonnement culturel de notre pays ? Que souhaitons-nous, collectivement, citoyen·nes, acteur·trices publiques, artistes ? L’inertie de la création là où tournent partout les mêmes noms, ou un renouveau des formes artistiques et des acteur·trices culturel·les ? 

Demain, quelles politiques régionales en faveur de l’égalité H / F dans la culture ?

Nous demandons aux futur·es élu·es régionaux et départementaux de mettre en œuvre les principes affirmés mais peu appliqués de l’Etat. Ils en ont les outils, en premier lieu démocratiques : 

  • Publier des statistiques sexuées sur toutes les structures culturelles locales qui distribuent et reçoivent l’argent public ;
  • Soumettre l’attribution de subventions aux associations culturelles à des délibérations collégiales et attentives au respect de la parité ;
  • Se soucier d’abord et avant tout de récompenser le talent au lieu de promouvoir les réseaux ;
  • Valoriser le matrimoine afin d’offrir des modèles d’identification mixtes et équilibrés.

Il est temps de considérer l’artiste avant la femme, de reconnaître le talent avant de préjuger du sexe. En 2021, il est urgent de faire respirer nos œuvres et d’entendre nos voix, d’écrire l’histoire de l’art avec celles qui n’en sont pas que les muses ou les sacrifiées, mais les pionnières. 

[1] Ces chiffres sont ceux de l’Observatoire de l’égalité H/F dans la culture et la communication, rendus public le 7 mars 2021  : file:///Users/user/Downloads/Deps_Observatoire%20%C3%A9galite%20FH_2020_avec%20couv.pdf

[2] http://www.hf-idf.org/wp-content/uploads/2015-10-21-manifeste-HF.pdf

 

Liste complète des signataires par ordre de succession :

Diane Chavelet (metteuse en scène, autrice, chercheuse); Catherine Boskowitz (artiste, metteure en scène); Anne Monfort (metteuse en scène); Leyla-Claire Rabih (metteure en scène); Hakim Bah (auteur, metteur en scène); Marion Chobert (metteuse en scène); Véronique Perruchon (Professeure des Universités en arts de la scène); Julie REY  (autrice); Yoann Lavabre (directeur de théâtre, auteur);Pierre Vincent (metteur en scène,co-directeur de théâtre);Nicolas Saelens (metteur en scène); Malika Hsino (comédienne,metteuse en scène); Sandrine Grataloup (entrepreneure culturelle); Blandine Pélissier (metteuse en scène, traductrice, comédienne) ;Aurore Evain (metteuse en scène, autrice, comédienne et chercheuse); Cécile Fraisse-Bareille (artiste, metteuse en scène, autrice, dramaturge); Sarah Pèpe (autrice, metteuse en scène, comédienne) ; Sonia Ristic (autrice); Myriam Saduis, metteuse en scène, autrice; Astrid Bayiha ( autrice, metteuse en scène, comédienne ); Sandrine Roche (autrice, metteure en scène); Danielle Vioux (autrice, enseignante); Nathalie Charade (autrice, metteuse en scène, comédienne et traductrice); Agnès Marietta (autrice de théâtre); Isabelle Rainaldi (autrice, metteuse en scène); Pauline Ribat (actrice, autrice, metteuse en scène); Catherine Richon (autrice, metteuse en scène, comédienne); Natalie Rafal (autrice, actrice, metteure en scène); Marilyne Fontaine (actrice, metteuse en scène); Vhan Olsen Dombo (Performeur, musicien, auteur, acteur); Vincent Edin (auteur, enseignant en sciences politiques); Guillaume Léglise (musicien, compositeur, performeur); Florian Choquart (acteur, auteur, réalisateur) ; Eve Dadiès ( autrice, metteure en scène, conteuse, chargée de programmation); Marie-Pia Bureau, directrice de Malraux – scène nationale Chambéry Savoie; David Ruellan (auteur, comédien); Adèle Gascuel (autrice, comédienne); Carine Piazzi (metteuse en scène, comédienne); François Rancillac (metteur en scène); Lucie Nicolas (metteure en scène);  Joseph Danan (Professeur en études théâtrales, Paris 3); Jeanne Vimal (comédienne); Pierre Katuszewski (maître de conférences en arts de la scène); Agnès Bourgeois (comédienne, metteure en scène); Anne Veyry (comédienne, metteuse en scène); Stéphane Gombert Codirecteur du Collectif 12; Etienne Parc (Acteur); Tchili  (comédien) ; Fanny de Chaillé (metteure en scène); Emilie Rousset (metteuse en scène); Guillaume Cayet (auteur, dramaturge); Laure Bachelier-Mazon (autrice, dramaturge); Mirabelle Rousseau (metteuse en scène, Cie T.O.C.); Brigitte Asselineau (artiste chorégraphe); Thierry Balasse (musicien et metteur en scène); Elise Vigier (Comédienne, Metteuse en scène) ; Sabine Quiriconi (maîtresse de conférences en arts du spectacle, univ. Paris Nanterre); Perrine Mornay (metteure en scène); Maïa Sandoz ( comédienne, metteure en scène); Paul Moulin (comédien, metteur en scène); Romain de Lagarde (créateur lumière); Caroline Marcilhac (directrice de théâtre); Maëlle Faucheur ( comédienne, danseuse, metteuse en scène); Yann Verburgh (auteur); Antonia Buresi (comédienne); Agnès Feuvre (scénariste); Lola Quivoron (réalisatrice); Sandrine Lanno (metteure en scène); Elisabeth Chailloux (metteure en scène); Hélène Ollivier (metteuse en scène, autrice, ATER en études théâtrales à l’Université Paris Nanterre); Claoué Laurence (actrice, chorégraphe-metteuse en scène); Thibault Rossigneux (metteur en scène, auteur, acteur); Nicolas Bouchaud (acteur, metteur en scène); Hélène Bressiant (comédienne); Pauline Bolcatto (metteuse en scène , comédienne); Ariane Bégoin (comédienne); Thissa d’Avila Bensalah (autrice, metteuse en scène); Clémence Laboureau (comédienne); Axel Petersen (comédienne) ; Emmanuelle Lafon (comédienne, metteuse en scène, autrice); Aymeric Demarigny  (comédien); Julie Bertin (metteuse en scène, autrice, comédienne); Jade Herbulot (metteuse en scène, autrice, comédienne); Carole Leblanc (comédienne); Loup Balthazar (comédienne, autrice, metteuse en scène); Séverine Batier (comédienne metteuse en scène membre du comité régional du Synavi idf); Marie Charlotte Biais (comédienne/metteur en scène); Frédéric Fachena (comédien, codirecteur Collectif 12); Lise Facchin (auteure, metteuse en scène); Sylvain Levitte (metteur en scène, comédien)

Marie Ange Luciani (productrice); Dieudonné Niangouna (auteur, metteur en scène, comédien); Noémie Rosenblatt (comédienne et metteuse en scène);  Erika Guillouzouic (metteuse en scène, autrice, actrice); Christophe Danvin (Compositeur); Paul Balagué (metteur en scène); Dominique Chryssoulis (autrice); Fanny Gayard (metteuse en scène); Tatyana Razafindrakoto (comédienne, metteuse en scène, autrice et fondatrice de l’association Les Aliennes); Nelson-Rafaell Madel (comédien, metteur en scène); Association HF Ile de France; Association HF Auvergne Rhône-Alpes

Emilie Chertier (comédienne, auteure); Véronique ALAIN (comédienne); Emmanuel Landier (comédien, metteur en scène); Perrine Maurin (metteure en scène); Anne Théron (autrice, metteuse en scène, réalisatrice); Blandine Savetier (metteuse en scène); Juliette Bialek (comédienne en formation au TNS); Agathe Charnet (autrice, comédienne et dramaturge); Maya Ernest (metteuse en scène); Lillah Vial (comédienne et metteuse en scène); Christine Letailleur (metteure en scène,adaptatrice); Gwénola Bastide (directrice de production); Thomas Bouyou (comédien, auteur, metteur en scène); Marie Fortuit (metteuse en scène, comédienne, autrice) ; Margot Abascal (comédienne, chanteuse, réalisatrice) ; Rose Guegan (comédienne); Anne Théron (autrice, metteure en scène, cinéaste); Sophie Lucet (enseignante-chercheuse, Université de Paris); Mélanie Charvy (autrice, metteuse en scène, comédienne); Millie Duyé (autrice, metteuse en scène); Aline César (autrice, metteuse en scène); Célie Pauthe (metteuse en scène, directrice du CDN de Besançon-Franche-Comté); Astrea – réseau de femmes artistes ; Marine Mane (metteuse en scène, chorégraphe); Gérard Watkins (auteur, metteur en scène, comédien); Marine Bachelot Nguyen (autrice, metteuse en scène); Jérôme Bardeau (directeur de production); Céleste Germe  (metteuse en scène / Das Plateau); Aline Reviriaud  (autrice et metteur en scène / Idem collectif); Céline Develle (administratrice de production); Elisabeth Barbazin (metteure en scène); Philippe Journo  (Comédien, délégué SFA Bourgogne); Hugo Wernert  (Chargé de production); Eric Vanelle (metteur en scène, salarié – associé du Théâtre du Grand Rond – Toulouse); Gaëlle Héraut (actrice, metteuse en scène); Delphine Lalizout (comédienne, metteuse en scène, Présidente du Synavi Ile de France); Johanna Silberstein  (comédienne et codirectrice de la Maison Maria Casarès); Sophie Thebault (metteuse en scène); Laure Fonvieille (metteuse en scène et costumière); Catherine Hargreaves (metteuse en scène et comédienne); Antoine Linguinou (comédien, metteur en scène); Martin Sauvageot (scénariste); Christiane Fortassin (responsable du Pôle Culture, université de Paris); Jean-François Roustan (auteur, metteur en scène et comédien); Pauline Rousseau Dewambrechies (metteuse en scène); Claire Besuelle (comédienne, danseuse, chargée de cours au département arts/danse de l’université de Lille); Frédérique Moreau de Bellaing (comédienne, metteuse en scène, autrice et co directrice de compagnie); Claude Rambaud (vidéaste); Morgane Lacroix (comédienne, autrice); Evelyne Le Pollotec (artiste chorégraphique – directrice de compagnie); Stanislas Nordey (metteur en scène, directeur du TNS); Philippe Malone (auteur dramatique); Elsa Maupeu (administratrice de production,  co-présidente du SYNAVI); Cédric Gourmelon (metteur en scène, futur directeur de la Comédie de Béthune CDN); SYNAVI Grand Est; Joachim Salinger (comédien, metteur en scène); Matthieu Roy (metteur en scène, codirecteur de la Maison Maria Casarès);Pascale Oyer (metteuse en scène, Compagnie de la Yole); Jeanne Guillon (comédienne, déléguée régionale du Synavi Auvergne-Rhône-Alpes); Pierre-Jean Rigal (Musicien et créateur sonore); Sabrina Sow, la Négresse à Cheval (circographe, dramaturge, écuyère et poète);Catherine Meneret (directrice adjointe du CCN de Caen); Natacha Chetcuti-Osorovitz (sociologue, chercheure, ENS Paris-Saclay); Marion Gauvent (productrice, agente); Julie Deliquet  (metteure en scène et directrice du Théâtre Gérard Philipe, Centre Dramatique National de Saint-Denis); Claire Michard  (sociolinguiste); Eugénie Kuffler (musicienne); Julie Desmidt et Bertrand Krill (coprésident.e de l’Union Fédérale d’Intervention des Structures Culturelles) ; Alban Richard, (chorégraphe, direction centre chorégraphique national de Caen en Normandie); Clémence Bucher  (comédienne); Véronique Charrier (fondatrice de la maison Maria Casarès); Maud Le Pladec (directrice du Centre Chorégraphique National d’Orléans) ; LAPAS; Marie Roche (direction Le Pacifique Centre de développement chorégraphique National de Grenoble) ; Alexandra Servigne (administratrice, déléguée régionale suppléante du Synavi Hauts-de-France); Joëlle Smadja  (Direction Pôle Sud Centre de développement chorégraphique national – Strasbourg); Nadia Minisini (directrice adjointe Le Gymnase CDCN Roubaix Hauts de France); Nicolas Dautier (directeur adjoint, Pôle Sud Centre de développement chorégraphique national – Strasbourg); Christophe Marquis (directeur L’échangeur-CDCN Hauts-de-France); Garance Roggero  (administratrice, Mandorle productions); Sandra Neuveut (directrice de la Briqueterie, CDCN du Val-de-Marne); Frédérique Latu (directrice déléguée L’échangeur – CDCN Hauts-de-France) ; Vincent Jean (directeur, Chorège – CDCN Falaise Normandie); Céline Luc  (secrétaire générale de la La Ruse / Bérénice Legrand, et du réseau Les Petites Scènes Ouvertes); Isabelle Martin-Bridot  (directrice des Hivernales, CDCN d’Avignon); Pénélope Dechaufour (MCF en Études Théâtrales, Univ. Paul Valéry Montpellier 3); Lou Henry (responsable de production / diffusion), Hélène Soulié (autrice, metteure en scène), Jean-Christophe Lanquetin ( scénographe, enseignant à la HEAR, Strasbourg), Emmanuel Barraux (producteur), Lucie Berelowitsch ( metteure en scène,  directrice du CDN de Vire), Benoît  Bradel (metteur en scène et directeur de Passages Transfestival à Metz), Cécile Backès, (metteure en scène, directrice de la Comédie de Béthune), Claire Dupont (directrice de Prémisses), Séphora Haymann (metteure en scène , comédienne), Guillaume Barbot ( metteur en scène)

Tribune Ensemble contre le sexisme : Pour un plan de déconfinement antisexiste

Parce que lutter contre le sexisme, c’est défendre les droits fondamentaux des femmes, parce que la crise sanitaire renvoie les femmes aux archaïsmes de leur condition, nous, les 39 associations réunies dans le collectif Ensemble contre le sexisme, proposons de déclarer l’état d’urgence contre le sexisme.

Mobilisé.es au quotidien contre les inégalités entre les femmes et les hommes dans nos associations, nos entreprises, nos réseaux professionnels ou nos administrations respectives, nous sommes partagé.es entre admiration et indignation.

Notre avenir ne doit pas être l’éternel recommencement de l’invisibilité des femmes. Il est temps de prendre conscience que notre société sexiste est bâtie sur le patriarcat qui implique une hiérarchie entre les sexes.

Les femmes ne veulent ni médailles, ni promesses, ni considération feinte.

Nous exigeons un plan de déconfinement antisexiste. Et, pour commencer, des mesures rapides :

  • Refonder les rémunérations sur les valeurs effectives des métiers, en s’inspirant du modèle québécois
  • Intégrer aux programmes scolaires de tous niveaux une éducation à la culture de l’égalité et à la sexualité et instaurer une journée consacrée à l’égalité entre les filles et les garçons dans tous les établissements scolaires et universitaires
  • Garantir que l’ensemble des financements publics bénéficient au moins à 50% aux femmes
  • Instaurer l’obligation de 50% de femmes expertes dans les médias
  • Rembourser intégralement toutes les contraceptions et imposer le délai de 14 semaines de grossesse pour l’IVG
  • Lutter contre l’invisibilité des femmes dans le langage et utiliser l’écriture inclusive dans toutes les communications publiques et privées
  • Contrôler la mise en place effective de l’égalité salariale dans les entreprises et la fonction publique et sanctionner financièrement les manquements
  • Rendre obligatoire un congé paternité allongé et rémunéré
  • Valoriser l’héritage culturel, artistique, intellectuel et scientifique des femmes : inscrire le matrimoine, au même titre que le patrimoine, dans les programmes scolaires et universitaires et dans l’espace public
  • Sanctuariser les budgets dédiés à l’Égalité et la Diversité, et rendre obligatoires les formations contre le sexisme pour toutes et tous dans les entreprises de plus de 10 salarié.es
  • Généraliser à tous les secteurs professionnels la création d’une cellule d’écoute et d’accompagnement contre les violences sexuelles et sexistes
  • Lutter contre les stéréotypes sexistes des représentations des femmes dans les fictions, à la télévision, au cinéma, dans la publicité, etc. et créer une infraction d’atteinte sexiste à l’image
  • Cibler au moins 50% des financements publics à la formation professionnelle des femmes
  • Exiger la parité pour tous les postes à responsabilité et instaurer des sanctions financières dans tous les secteurs privés comme publics (sport, culture, entreprises, etc.)
  • Instaurer une journée nationale contre le sexisme
De même que les plans de relance et de soutien à l’économie doivent être assortis d’exigencesclimatiques, les politiques publiques entrepreneuriales et managériales de sortie de crise doivent inclure des exigences féministes, pour que les femmes soient la grande cause du déconfinement. 

SIGNATAIRES

Les membres d’Ensemble contre le sexisme : AAFA – Tunnel des 50, Administration Moderne, Assemblée des femmes, ASTREA, BECOMTECH, BPW France, Centrale au Féminin, Centre Hubertine Auclert, Cercle InterElles, Chiennes de garde, Conseil national des femmes françaises, Coordination française pour le Lobby Européen des Femmes (CLEF), Excision, parlons-en !, Experte des politiques d’égalité, Femmes Ingénieurs, Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir (FDFA), Femmes solidaires, Fémix’Sports, Fédération Nationale des CIDFF (FNCIDFF), FédérationNationale Solidarité Femmes (FNSF), Financi’Elles, Fondation des Femmes, Global Contact, Grandes Ecoles auFéminin, Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes (HCE), JUMP, Laboratoire de l’Egalité, Mouvement HF, Mouvement français pour le Planning familial, Observatoire de la qualité de vie au travail, ONU Femmes France, Politiqu’elles, Prenons la une, Science-Po au Féminin, Social Builder, Toutes Femmes, Toutes Communicantes, Union des Jeunes Avocats, Women in Networking (WIN), Women Safe

COMMUNIQUÉ Mouvement HF : Mesures d’urgence pour les femmes dans les arts et la culture

Le Mouvement HF exige un plan d’urgence du Ministère de la Culture : 
5 mesures pour soutenir les femmes dans les secteurs des arts et la culture.

Chaque crise vient creuser les inégalités. La crise actuelle liée à la lutte contre l’épidémie du Covid 19, qui s’abat sur le secteur des arts et de la culture et particulièrement sur le spectacle vivant, affecte en premier lieu les femmes artistes et professionnelles. Elle risque d’impacter les efforts engagés en matière d’égalité ces dernières années.

C’est la raison pour laquelle, le Mouvement HF demande au Ministère de la cuture de prendre en compte l’impact sexospécifique de la crise en apportant des réponses qui ne devront pas reproduire ou perpétuer les inégalités.

L’égalité entre les femmes et les hommes doit rester un objectif prioritairede l’action de l’Etat. Des mesures concrètes doivent être appliquées rapidement pour répondre à cette priorité, déjà exprimée dans la feuille de route égalité 2019-2022 du Ministère de la Culture.

Le contexte impose la mise en œuvre d’actions spécifiques pour éviter que l’impact de la crise sanitaire actuelle ne fragilise encore davantage les femmes dans les secteurs des arts et de la culture.

En complément des plans d’urgence déjà annoncés par l’Etat, une stratégie de soutien spécifiquement dirigé vers les femmes artistes et professionnelles de la culture, les plus durement impactées par le confinement et l’interruption d’activité pendant plusieurs mois, le Mouvement HF propose 5 mesures spécifiques, compte tenu des graves conséquences qu’entraîne la pandémie sur l’emploi, sur l’attractivité et sur la viabilité économique des structures, subventionnées ou non.

5 mesures concrètes pour garantir l’égalité entre les femmes et les hommes dans l’action publique, en cette période de crise :

1) L’égaconditionnalité comme contrepartie non négociable des plans de relance et de toutes les conventions d’objectifs et de moyens
Les plans de sauvetage et de relance à destination de l’ensemble du secteur culturel doivent tenir compte des mesures prises en matière d’égalité par les entreprises.
Tendre à une plus juste allocation des financements publics est un enjeu prioritaire.
Le Ministère de la Culture doit par ailleurs activer la mise en place tant attendue de l’égaconditionnalité dans toutes les conventions d’objectifs et de moyens établies avec ses partenaires. La mise en œuvre de cet engagement ministériel ne peut plus attendre.
2) Maintien des subventions en direction de l’égalité et aménagements financiers d’urgence pour les femmes artistes
Un aménagement exceptionnel des règles d’assurance chômage des intermittent·e·s doit être mis en place comme proposé unanimement par les organisations syndicales du secteur.
Toutes les femmes, y compris celles très souvent non rémunérées par l’assurance chômage des intermittent·e·s doivent être identifiées et recevoir des aides financières d’urgence. Les DRAC représentent le bon échelon pour ce repérage qui pourra marquer concrètement leur engagement en faveur de l’égalité femmes-hommes.
Lors du déconfinement les besoins en matière de garde d’enfants seront décuplés pour permettre les meilleures conditions possibles de la reprise d’activité. Les femmes artistes ne doivent pas avoir à définir des priorités attachées à leurs responsabilités parentales au détriment de leur professions d’artistes. Des modes de garde spécifiques pour les artistes du spectacle vivant y compris sur des créneaux horaires atypiques doivent être mis en place. Les fonds dédiés à l’égalité par les organismes, notamment le CNM, ne doivent pas être « réquisitionnés » à d’autres fins.
3) Des actions renforcées pour lutter contre les violences sexuelles et le sexisme
La reprise d’activité risque de générer une concurrence féroce et encore plus déloyale vis-à-vis des rares emplois auxquels femmes et hommes pourront prétendre.
Tous les mécanismes biaisés d’accès à l’emploi contre lesquels nous luttions vont se voir renforcés comme la cooptation masculine mais encore et surtout les violences et le harcèlement sexuels. Une vigilance est de mise pour éviter à ces mécanismes de se reproduire.
 
Nous exigeons également la mise en place immédiate de la cellule d’écoute et de suivi des victimes qui devait se mettre en place le 1 janvier 2020. Nous demandons que cette cellule soit opérationnelle immédiatement et fonctionne avec une large amplitude horaire.
4) Assurer une voix égale aux femmes dans la prise de décision
Pour avoir une voix et des pouvoirs égaux dans la planification et l’exécution des interventions en cette période de crise, nous exigeons que la Fédération du Mouvement HF puisse notamment siéger aux instances de délibération de tous les organismes culturels et en particulier au Conseil professionnel du Centre National de la Musique.
5) Mettre en œuvre à moyen et long termes l’ensemble des préconisations et engagements déjà exprimés
Qu’il s’agisse des engagements de la feuille de route égalité 2019-2022 du Ministère de la Culture ou plus largement des recommandations du HCE, des mesures globales doivent être mise en œuvre dès à présent pour permettre d’assurer dans les semaines, les mois et les années à venir les conditions nécessaires à l’application de ces exigences en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes.

 

Cette stratégie devra s’articuler conjointement entre l’Etat, les collectivités territoriales et les institutions publiques et privées à même d’assumer leur part de responsabilité pour garantir un avenir favorable à nos secteurs d’activités.
L’égalité entre les femmes et les hommes est un enjeu qui nécessite d’agir à tous les niveaux, en faveur d’une société plus juste et plus démocratique, soucieuse de ne pas discriminer la moitié de notre Humanité.
Il en va de la responsabilité de chacun et chacune d’agir à son endroit.
Le Mouvement HF souhaite que l’Etat, le Ministère de la Culture, les collectivités territoriales, et l’ensemble des institutions partenaires se saisissent de ces problématiques pour agir collectivement à toutes les échelles d’interventions. 
Ce moment de crise nous en rappelle l’urgence.

La Fédération interrégionale du Mouvement HF

Retour sur l’événement contre le sexisme du 27 janvier 2020 – Ensemble Contre le Sexisme

En tant que membre du collectif Ensemble contre le sexisme, HF Île-de-France était présente au « 5 à 7 » contre le sexisme :

De la Joconde à Lara Croft : les représentations des femmes…

Introduction par Laurence Rossignol, Sénatrice, Présidente de l’Assemblée des Femmes
Animation par Isabelle Motrot, Directrice de la Rédaction de Causette
Avec les comédiennes Noémie de Lattre, Typhaine D, Blandine Métayer, Sophie Bourel et la Cie Okto

Trois thématiques ont été développées autour du thème principal des représentations des femmes :
– La représentation des femmes dans l’image et le langage
– La représentation du corps des femmes
– La représentation des femmes dans la Tech

Pour prolonger les réflexions initiées au cours de ce « 5 à 7 », voici 4 podcasts à écouter et partager :

Retrouvez ici l’appel des 37 associations qui composent le collectif Ensemble contre le sexisme, pour la création d’une journée nationale contre le sexisme !

Le combat continue avec l’appel pour la création d’une journée nationale contre le sexisme : 

COMMUNIQUÉ DE PRESSE – Soutien à Emilie Delorme

À l’initiative du Mouvement HF, un ensemble de structures professionnelles : ASTREA Réseau de femmes artistes, Paye ta note, L’A-CDCN et le Réseau Fair_Play, affirme ici son soutien total à Émilie Delorme et demande au Ministre de la Culture, Monsieur Franck Riester de dénoncer la cabale ignominieuse dont Madame Emilie Delorme a fait l’objet et d’entériner au plus vite sa nomination à a tête du CNSMDP conformément aux voeux exprimés par le CA du mercredi 4 décembre dernier. 

Il faut répondre à la violence de cette campagne de dénigrement indigne en dénonçant la tentative de salir sa réputation de professionnelle de la musique classique et regretter qu’on ne s’arrête pas sur ses compétences, délibérément ignorées par ses détracteurs. 

Rappelons qu’Émilie Delorme est une professionnelle reconnue en France où elle dirige l’Académie du festival d’Aix-en Provence ainsi que l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée depuis plus de dix ans auprès de Bernard Foccroulle avec lequel elle avait précédemment collaboré au théâtre de la Monnaie. Elle jouit également d’une excellente réputation en Europe où elle a fondé en 2009 ENOA, réseau européen des académies d’opéra , ainsi que dans le monde méditerranéen où elle a fondé en 2014 un incubateur d’artistes émergents de la Méditerranée fédérant plus de 25 pays, et oùelle est sollicitée pour des missions d’expertise, comme à l’occasion du projet du Grand théâtre de Rabat. 

Alors que lui reproche-t-on ? Son engagement pour l’égalité ?
Émilie Delorme a toujours tenu ensemble la plus haute exigence de l’art et la conscience des inégalités. Qui osera contester la réalité chiffrée selon laquelle le milieu de la musique classique n’est pas traversé par ces inégalités entre milieux économiques et sociaux, entre femmes et hommes, entre les formes musicales elles- mêmes ? 

Nous devons nous réjouir que les convictions d’Émilie Delorme conjuguent la quête de l’art et celle de l’égalité, pour former des musicien.nes et des danseur.euses demain plus outillé.e.s et conscients de leur place dans la société…
Il ne faut sans doute pas sous-estimer la déstabilisation que provoque l’arrivée d’une femme au sommet de l’enseignement musical classique…La première à ce poste prestigieux. Il ne faut sans doute pas non plus sous-estimer la tension générée par l’interminable processus de recrutement, qui a laissé des candidat.e.s déçu.e.s, sans parler de leurs mentor.es … 

Nous remercions et saluons les nombreux témoignages, positifs, qui affluent de toutes parts : d’artistes avec lesquel.les elle a travaillé ces dernières années, aussi bien que d’inconnu.e.s pour saluer son professionnalisme et la légitimité de sa candidature à la direction du CNSMDP. 

Les associations et collectifs de la Fédération interrégionale du Mouvement HF 

L’A-CDCN

ASTREA Réseau de femmes artistes

PayeTa Note

Réseau Fair_Play 

Pour tout contact : 

Pour HF Île-de-France, contact@hf-idf.org 
06 62 59 01 26 

Valérie BRIGNIER, attachée de presse
06 83 54 74 14

Télécharger le communiqué de presse

COMMUNIQUÉ DE PRESSE – Le Mouvement HF exige des actes du ministère de la Culture contre les violences sexuelles et sexistes

Les témoignages récents qui dénoncent les violences sexuelles et sexistes dans les arts et la culture se multiplient, notamment ceux d’Adèle Haenel et de Valentine Monnier, et obligent les pouvoirs publics, dont le ministère de la Culture, à agir. 

Le Mouvement HF, association qui lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans les arts et la culture, dénonce, avec d’autres et depuis son origine en 2008, un système d’oppression institutionnalisé des hommes sur les femmes, une culture du viol et un écosystème sexiste qui persistent du fait d’une réelle omerta.

Nous sommes écœuré·e·s de recueillir quotidiennement des cas de violences sexuelles et sexistes dans tous les secteurs des arts et de la culture et nous avions déjà interpellé le ministère de la Culture et les pouvoirs publics en juillet et septembre derniers.

Dans la Culture, la domination masculine, qui génère ces violences, persiste dans les directions, les régies, sur les plateaux de théâtre, de cinéma, de danse, de musiques… 

Les violences sexistes et sexuelles s’abritent souvent derrière le « talent » ou la liberté de création, laissant libre cours à des méthodes de travail scandaleuses et illégales. Le metteur en scène qui oblige la comédienne à se mettre nue ou à embrasser un partenaire alors qu’elle ne le veut pas. Le chorégraphe qui touche les corps des danseuses de façon inappropriée lors de répétitions. Le coach scénique qui exige de la musicienne une posture aguicheuse ou sexuelle sur scène alors que ce n’est pas l’image qu’elle veut donner d’elle. L’enseignant qui a des gestes ou des propos inappropriés envers une élève ou une étudiante. L’organisateur d’un tremplin dont le jury est exclusivement constitué d’hommes…

Depuis deux ans, les affaires de violences sexuelles et sexistes se multiplient mais la plupart restent classées sans suite ou déboutées par la justice, dans un climat d’inertie institutionnelle toxique.

Pire encore, rattaché au ministère de la Culture et membre du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes, un haut fonctionnaire pervers a pu agresser impunément plus de 200 femmes pendant 10 ans sans que les autorités ne les écoutent ni n’interviennent (Libération, 8 novembre 2019).

Le Mouvement HF est las des déclarations d’intention ou de la compassion médiatique du ministre de la Culture.

C’est pourquoi le Mouvement HF :

  • Apporte son soutien à toutes les paroles de victimes qui dénoncent ces violences,
  • Demande une audition au ministre de la Culture pour exiger la mise en place d’un véritable plan de lutte contre les violences sexuelles et sexistes dans les arts et la culture sur la base des propositions des syndicats et organisations professionnelles,
  • Demande l’application du principe de précaution et du concept de faisceau d’indices concordants, par le retrait provisoire d’un directeur mis en cause et via une clause incluse dans les conventions d’objectifs,
  • Demande la mise en place d’une cellule d’écoute et d’accompagnement juridique doublée d’une cellule d’enquête élargie au secteur subventionné,
  • Appelle à manifester le samedi 23 novembre 2019 contre les violences sexuelles et sexistes.

Les associations et collectifs de la Fédération interrégionale du Mouvement HF

Pour tout contact : 

Anne GRUMET, présidente du Mouvement HF, membre experte du HCE 06 24 98 40 68

Attachée de presse : Valérie BRIGNIER 06 83 54 74 14

Pour HF Île-de-France, contact@hf-idf.org

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